
Ernst Leuenberger, Nationalratspräsident, 19.März
1998
Allocution
de M. Ernst Leuenberger, président du Conseil national, à l'occasion
de la réception de M. Pascal Couchepin, nouveau conseiller fédéral,
le 19 mars 1998, à Martigny
Monsieur
le Conseiller fédéral,
Je
viens vous apporter les félicitations de l'Assemblée fédérale qui vous
a brillamment élu au Gouvernement fédéral
.On
a reconnu en vous l'expérience du président de commune, la force du
lion qui orne les armoiries communales, la direction souveraine du groupe
parlementaire radical, la compétence du membre de la commission WAK
à l'aise dans tous les dossiers, l'endurance du Marathonien qui est
candidat naturel depuis sa naissance et qui a fait un parcours sans
faute.
Il
y avait certes dans quelques-uns des quelque 500 bulletins déposés à
votre nom parfois une incertitude sur l'orthographe malgré la lignée
prestigieuse des juges fédéraux, colonel et chancelier Louis, Arthur,
Jean-Jules et François qui vous ont précédé dans la renommée fédérale.
On a trouvé des Chouchepin, des Couchepain (Liegbrot) et même un Couchepengg
presque chinois.
Le
premier à Octodure est désormais le septième à Berne pour le rang protocolaire
mais pas pour la taille. Sur la première photo de famille du nouveau
gouvernement, vous aviez un air très présidentiel, dominant le tout
de vos 1 mètre 93, la taille même du Général de Gaulle.
Il
fait bon venir en Valais où les enfants chantent "Quel est ce pays merveilleux",
dans ce canton où les tempéraments politiques s'affrontent, où l'on
vote encore à 60%, où l'on est né noir ou jaune, blanc ou gris, rouge
ou rose.
En
construisant Octodure, les Romains ont pensé au futur conseiller fédéral.
Seule la tour de la Bâtiaz fait de l'ombre au plus illustre citoyen
de Martigny. L'avenue qui conduit de la Gare à l'Hôtel-de-Ville a été
spécialement conçue pour une réception triomphale de conseiller fédéral.
Votre Broadway local aurait de quoi faire pâlir d'envie certain sénateur
new-yorkais. A voir l'accueil qui a été réservé à l'enfant du pays,
nul doute que le domicile civil, politique, fiscal, électoral et sentimental
du nouvel élu est bien ici.
On
attend de vous beaucoup de choses: la cheffe des socialistes souhaite
de votre part un engagement social marqué et le chef des agrariens une
authentique politique bourgeoise. Donc, à votre ordre du jour dès le
1er avril, ce sera la quadrature du cercle et pas un poisson d'avril.
Les interpellateurs ne se déclareront pas tous satisfaits...
En
rare Romand "Arenafähig", vous êtes déjà descendu dans la fosse aux
lions et avez montré quelques pistes intéressantes. Le dialogue, le
respect des adversaires, la volonté de trouver des solutions pragmatiques.
Votre engagement européen est apparu convaincant. Dans le ciel helvétique,
on remarque de plus en plus que les treize étoiles valaisannes et les
douze étoiles européennes appartiennent vraiment à la même galaxie.
Le
président de l'Assemblée fédérale, qui devrait être au-dessus de la
mêlée, se doit aussi de penser à ceux qui se sont mis à disposition
et qui ont eu moins de chance. Je salue donc très cordialement Madame
Christiane Langenberger, la finaliste qui a fait progresser la cause
des femmes, et les demi-finalistes Claude Frey et Gilles Petitpierre.
Grâce à eux nous avons eu une belle élection qui fait la joie des analystes
et le bonheur des historiens.
Pascal
a gagné son pari, 58 ans après, vous avez vengé le radical martignerain
Camille Crittin entré Pape au Conclave helvétique de 1940 et sorti cardinal
au 4e tour. Vous voilà propulsé par une Vaudaire plus puissante que
le Joran à la fonction la plus importante que notre démocratie puisse
offrir à ses fils et filles. La tâche à accomplir est immense mais les
atouts en nos mains sont grands pour autant que nous cessions de marquer
des autogoals et que nous trouvions la foi et l'optimisme que le conseiller
fédéral démissionnaire Jean-Pascal Delmauraz a insufflé dans son beau
message d'adieu qu'il a délivré devant le Parlement.
Monsieur
le Conseiller fédéral,
200
000 personnes sont sans travail dans ce pays, l'avenir de milliers d'apprentis
et d'étudiants est bouché. Il faut imaginer des solutions hardies pour
que l'économie retrouve le chemin de la croissance. Que le frémissement
actuel de la conjoncture apporte un mieux-être à ceux qui tirent la
langue depuis trop longtemps. Voilà ce que le pays attend certainement
de son nouveau ministre de l'Economie.Le Parlement fédéral se réjouit
de coopérer avec le 102e conseiller fédéral qu'il a désigné pour siéger
au Gouvernement de la Suisse. Bravo, bon courage et bonne chance.
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